Non contents de causer des ravages aux cultures et des accidents de la route, les sangliers contribuent aussi au changement climatique, en raison de leur mauvaise manie à farfouiller le sol à la recherche de glands. Une illustration de plus des méfaits des animaux envahisseurs.
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Les sangliers pullulent en France et dans le monde. Ils seraient aujourd'hui plus de 2 millions en France, soit 3 sangliers par kilomètre carré. Leur population est devenue « hors de contrôle », dénoncent de nombreuses associations : 809.992 sangliers ont été abattus en France sur la saison 2019-2020, contre environ 100.000 en 1989-1990. Or, les sangliers causent des dégâts considérables sur les cultures. Ils détruisent les jeunes arbres dans les forêts et provoquent des accidentsaccidents de la route. En outre, la prolifération des sangliers augmente le risque sanitaire, car ils sont porteurs de maladies comme la peste porcine qui contaminent les élevages de cochons. Mais ces nuisancesnuisances ne s'arrêtent pas là : selon une nouvelle étude publiée dans Global Change Biology, les sangliers auraient une contribution non négligeable au changement climatiquechangement climatique, équivalente à la pollution de 1,1 million de voituresvoitures au niveau mondial.
Le saviez-vous ?
Pourquoi les sangliers prolifèrent autant ?
- Durant les années 1980 et 1990, les chasseurs ont élevé et relâché des dizaines de milliers de sangliers dans la nature. Une pratique aujourd’hui interdite.
- Le nourrissage : les chasseurs mettent à disposition des sangliers du maïs et des denrées alimentaires qui favorisent l'accroissement de sa population.
- Moins de chasseurs : le nombre de chasseurs a diminué de 30 % en 30 ans, ce qui amoindrit la pression sur les populations de sangliers.
- Le développement des grandes cultures : les grands champs de maïs et d’autres cultures leur fournissent un « garde-manger » facilement accessible.
- Le changement climatique : le réchauffement climatique induit une baisse de mortalités des jeunes en hiver, une hausse de la fertilité (jusqu'à 3 portées sur 2 ans) et une nourriture plus abondante avec une augmentation de la saison de production des fruits (glands, châtaignes)
“Les sangliers sont comme les tracteurs qui labourent les champs et retournent la terre”
Il ne s'agit pas ici des flatulencesflatulences dues à leur digestiondigestion, comme pour les vaches, mais de leur aptitude à fouiner et remuer le sol. « Les sangliers sont comme les tracteurs qui labourent les champs et retournent la terre pour trouver de la nourriture », explique Christopher O'Bryan, principal auteur de l'étude. « Nos calculs indiquent que les porcs sauvages labourent actuellement une superficie d'environ 36.000 à 124.000 kilomètres carrés, dans des endroits où ils ne sont pas indigènesindigènes, rapporte le chercheur (le modèle exclut les populations naturellement sauvages, NDLRNDLR). Or, le sol contient 3 fois plus de carbonecarbone que l'atmosphère. Même une petite quantité de ce carbone relâché dans l'airair a le potentiel d'accélérer le changement climatique ».
4,9 millions de tonnes de CO2 émises par les sangliers
L'équipe a d'abord estimé la population des sangliers à partir de 10.000 cartes, puis modélisé la superficie du sol perturbée en fonction des conditions climatiques, du type de végétation et de l'altitude. Ils ont ainsi calculé que les sangliers libèrent 4,9 millions de tonnes de CO2 chaque année dans l'atmosphère. Et ce n'est qu'un début, préviennent les auteurs : « Si cette espèce envahissanteespèce envahissante se développe dans des zones où le sol est très riche en carbone [comme dans les régions tropicales, NDLR], le risque d'augmentation des émissionsémissions va être exacerbé ».
Des chasseurs d’élite contre les sangliers
Malheureusement, se débarrasser des sangliers n'est pas une mince affaire. En 2005, sur l'île de Santa Cruz, au large des côtes de Californie, des tireurs d'élite en hélicoptèrehélicoptère ont abattu 5.000 sangliers qu'ils ont dû ensuite ramasser un par un. « Cela a pris 14 mois et a coûté 5 millions de dollars », relate le site Wired. La Ligue de protection des oiseaux (LPOLPO) défend elle aussi une méthode radicale : « Vous confiez la mission à l'armée, vous mettez un mirador et vous agrainez [les attirez avec des grains, NDLR]. C'est comme ça que font les Allemands », préconise son directeur Yves Verilhac.